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Exposition du 20 janvier au 31 mars 2024

Vernissage le vendredi 19 janvier à partir de 18:30

Le vernissage sera accompagné d’une dégustation de vin du Domaine La Spanda.

 

Ce qui rend unique l’extermination perpétrée par les nazis, c’est la planification exhaustive à la fois du crime de masse et de son invisibilité. Dès lors, toute recherche, y compris l’artistique, sur le sujet doit consister à recoller les morceaux épars de documentation que le hasard nous a légués, des morceaux récupérés. Des traces; en somme. Cet ouvrage, qui sous le titre De la nuit et du brouillard est exposé au Centre d’art àcentmètresducentredumonde de Perpignan, rassemble plus d’une soixantaine d’oeuvres de l’artiste plastique espagnol Artur Heras, dans lesquelles il révèle son intérêt pour les disparus, son intérêt pour les escamoteurs, les escamotés et les procédés de l’escamotage. Le projet est complété par la publication d’un journal d’Artur Heras et des textes d’Anacleto Ferrer, commissaire de l’exposition.

L’exposition De la nuit et du brouillard est le fruit de la collaboration entre Anacleto Ferrer, professeur de l’Université de Valence (Espagne) et l’artiste plasticien Artur Heras. Depuis plusieurs années ils ont ensemble été commissaires d’expositions ou créateurs de projets concernant des figures valenciennes ou internationales de l’art ou de la pensée. Anacleto Ferrer a traduit des auteurs allemands et publié des ouvrages sur la représentation de l’Holocauste, Facticidad y ficción. Ensayo sobre cinco secuencias de perpetración de la Shoah (2020). Pour Artur Heras, l’art n’est pas seulement une recherche esthétique, c’est un langage.

A l’origine de cette exposition se trouve une série de dessins basés sur les archives policières des camps de concentration nazis entreprise par l’artiste durant les mois d’enfermement de la pandémie. Il est né en 1945. Il cherche donc, à travers lesimages qu’il compile et recrée, ce que fut ou comment fut le monde sur lequel il a ouvert les yeux lors de cette année apocalyptique.

Comment exprimer en effet l’inimaginable ?

En Espagne où la guerre civile n’a pris fin que récemment, c’est celui de la supercherie. L’école, l’Eglise, les médias présentent les vainqueurs comme les défenseurs de la civilisation alors qu’ils remplissent encore et encore des fosses communes clandestines de fusillés officiels ou anonymes et les camps de concentration construits sur le modèle allemand de milliers de prisonniers.

Cet ensemble d’oeuvres n’est pas un documentaire de plus, l’inventaire des données, des circonstances ou des statistiques. Il ne s’agit pas d’apporter des connaissances ni de faire appel à la raison mais de faire naître chez le spectateur la sensation de ces moments et l’art seul peut y prétendre.

Ce sont des oeuvres réalisées avec des techniques sommaires ou fondamentales dans lesquelles le dessin est l’instrument qui permet de replacer le sujet parmi l’intemporalité de la douleur et de sa représentation au moyen de l’expression artistique nue qui fut la forme primitive du témoignage humain.

Témoignage enveloppé d’une poussière noire de fumée, bien éloigné sans nul doute de toute sensualité esthétique.